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Catherine Bensaid, psychiatre, psychanalyste, auteure

Chère Madame Bensaid,

 

J’ai grande joie de vous accueillir sur Parole Donnée, moi qui ait pris un immense plaisir et un grand intérêt à vous lire !

Votre domaine de prédilection : l’amour.

Un vaste et brûlant sujet qui nous passionne tous et  que vous abordez sous différents angles dans “Qui aime, quand je t’aime ?” (co-écrit avec Jean-Yves Leloup) ; “Aime-toi la vie taimera” ; “Je taime la vie” …et quelques autres ouvrages, tout aussi intéressants.

 

Merci infiniment pour votre éclairage sur la question que je vous pose.

Bien chaleureusement,

 

L’amour rend-il libre ?

C’est une belle question. Certains pourraient vous répondre : « non, à l’évidence, l’amour est aliénant, il fait de vous un objet aux prises avec ses pulsions et sentiments contradictoires, il vous rend aveugle à la vérité de l’autre qui n’est plus lui aussi qu’objet de demandes archaïques, de projections infantiles, d’idéalisations incompatibles avec toute réalité possible. »

Mais de quel amour parlons-nous ?

Car s’il est une façon d’aimer passionnelle qui vous éloigne de votre propre identité, comme du monde dans sa diversité, qui cherche à posséder l’autre et fait de vous un être « possédé », qui ne connaît que peurs, inquiétudes, colères et ne s’exprime que par les reproches et les regrets, ne peut-on espérer qu’il y en ait une, intense, mais plus sereine, qui ouvre un grand champ de liberté, et ce pour l’un et l’autre des amants ?

Un amour, comme le dit si bien Rilke, qui est celui de « deux humanités qui s’inclinent l’une devant l’autre », deux complétudes qui n’attendent pas de l’autre le sentiment d’être en-vie, mais se sentent encore plus vivants en présence l’un de l’autre, qui s’envisagent non avec leur soif, mais de là où le cœur prend sa source, qui se manifestent dans le don, avec un sentiment de générosité et d’ouverture, et non pas dans l’exigence d’un dû. L’amour de deux sujets qui se réjouissent de la liberté de l’autre au lieu de se sentir exclus, en manque ou d’en être peinés; car chacun a déjà éprouvé – ressenti et mis à l’épreuve – son sentiment de liberté. Dés lors la plus grande liberté devient celle d’aimer.

 

Aimer en toute liberté.