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Pierre-Yves Ginet, photojournaliste

Exposition “Femmes en Résistance”  du 7 février au 7 mai 2011 à Roanne

Site : www.pierreyvesginet-photos.com

Pierre-Yves Ginet, bonjour.

J’ai été profondément touchée par votre exposition “Femmes en résistance“, que l’on peut voir actuellement à Roanne et le livre qui en découle.

Vous avez rencontré des femmes qui mènent des combats avec un courage extraordinaire.

Merci pour votre volonté à vous d’en témoigner.

Merci pour cette authentique et chaleureuse rencontre autour d’un café.

 

Est-ce que la photo peut avoir un effet cathartique, comme la thérapie ?

Pour le photographe, pour le sujet ou pour l’observateur ?

Question très très vaste…

Première réponse évidente : cela dépend du type de sujet traité. Certains reportages, sujets, n’appellent aucun effet de ce type, de par leur nature.
Deuxième réponse liée au genre de sujet que je traite, sur des femmes en lutte face à des maux qui rongent leur environnement et notre environnement : Ce n’est d’abord pas le but. L’objectif premier et parfois unique est d’informer. Informer pour que d’autres puissent agir, réagir. Il est sans doute naïf de croire à cela mais comme nombre de mes ami-e-s, je m’y accroche.

Maintenant, à titre très personnel, mes reportages m’ont fait grandir, m’ont enrichi, mais je ne vois aucune catharsis. Au contraire même pour certains reportages lourds à porter. Certains photojournalistes que je connais sont même détruits par ce qu’ils ont vécu. Pour le photographe, ma réponse sera donc non.

Pour le sujet, je ne peux répondre à sa place. Maintenant, voir quelqu’un s’intéresser à eux, venu du fond du monde pour les rencontrer, les écouter, les photographier et parler à d’autres, dans son pays, du drame et du combat qui se déroule chez eux, je pense, peut-être à tort, que cela peut avoir un effet positif, même minime. Cela dépend du contexte, du type de personne, de son vécu, de son état de santé physique et psychologique, et du type de journaliste aussi.

Mais je crois que si un certain nombre de conditions sont réunies, cela peut être le cas, de façon sans doute mineure. Sans en faire une généralité.

Pour l’observateur, là encore, cela dépend du type de sujet et de l’observateur. Maintenant, s’il y a une rencontre entre cet observateur ou observatrice et le sujet traité, que l’histoire racontée en images ait un lien avec l’histoire de l’observateur, cela peut en effet être le cas.

Dans le cas de Femmes en résistance, nombre d’histoires éveillent des choses aux visiteurs et surtout aux visiteuses. Leur montrent que malgré les drames, les blessures, des femmes ont trouvé en elles et auprès d’autres femmes le chemin vers la lutte, le passage de l’état de victimes à celui d’actrices agissantes. Dans ce cas précis de ce travail autour des Femmes en résistance, même si ce n’est que d’un millimètre sur un chemin parfois très long, oui, cela fonctionne.

Avec quelle pérénité ? quelle ampleur ? pour quel nombre de personnes ?

Je ne peux répondre.

 

Est-ce qu’il est possible de réaliser un reportage photo sans adhérer à la cause des sujets photographiés ?

Sans hésitation, oui. C’est même un devoir éthique quelque part.

En ce qui me concerne, tant que je peux me le permettre, je ne fais pas ce genre de reportage ; mais j’en suis tout à fait capable, je l’ai déjà fait.

C’est le quotidien de la plupart de mes consoeurs et confères.

Par contre, à mon sens et selon le type de sujet, et malgré toute notre bonne volonté d’objectivité, je pense qu’on ne peut nier que notre point de vue aura une influence sur notre travail, même minime…