You are currently viewing BILLET D’HUMEUR – Réhumaniser la mort

BILLET D’HUMEUR – Réhumaniser la mort

La banalisation de la mort est partout présente dans nos sociétés.
Que ce soit à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, la mort devient spectacle.
Qu’elle prenne le visage d’un meurtre sordide ou de génocides inhumains, d’une catastrophe qui dévaste tout ou d’une lente agonie par la maladie, rien ne nous est épargné, au nom du droit d’être informés… tout est montré sous tous les angles, jusqu’à plus soif.

Pourquoi un tel étalage  ?
 
Il aurait pour tâche d’alimenter notre besoin de sensationnel, de nourrir notre curiosité mortifère et serait un dérivatif de la violence.

Ce serait un moyen simple, rapide et percutant qui nous permettrait de vivre des sensations fortes, de petits chocs émotionnels sans conséquences.
On jouerait en quelque sorte à se faire peur. On ferait un pied de nez à la Faucheuse…puisqu’elle s’acharne sur cet étranger, ailleurs….non sans éprouver un certain soulagement, d’ailleurs.

Nous entretenons un rapport questionnant avec l’idée de la finitude.

A la fois, elle nous terrorise. Elle est une réalité incontournable…et nous essayons la plupart du temps de l’oublier, en pensant que la vie sera plus légère ainsi.
Nous oublions ainsi nos vieux, nous oublions nos malades….

Et en même temps, elle nous fascine.
Les médias l’ont bien compris. Eux, qui n’oublient pas de sortir trompettes et tambours pour l’inviter à demeure.

Bien sûr, que la banaliser est une façon de la mettre à distance ; mais c’est avant tout nous mettre à distance de nous-même… et de l’autre.

Banaliser la mort est banaliser notre existance. Banaliser la Vie.

Rendre insignifiant, voire inexistant l’être qui a vécu, qui a pensé, ressenti, aimé, désiré, eu ses moments de peines et de douleurs, ses joies, jusqu’à ce que la mort vienne le prendre.
Oublier les proches qui pleurent.

On déshumanise la mort. On la rend aussi virtuelle. Il n’y a qu’à voir les films et les jeux vidéos.
Cette façon de faire nous désensibilise, nous endurcit…parce que fondamentalement la mort nous angoisse.

Sans tomber dans l’obsession de la mort et des ses pensées noires, il me semble nécessaire de réfléchir à ce qu’elle nous fait ressentir et vivre pour mieux ainsi lui donner sens et peut-être découvrir la profondeur de son langage, peut-être mieux comprendre le message qu’elle nous transmet.

Sentir la violence qui nous est faite lorsque l’information devient exhibition, impudeur, irrespect.

Penser la mort, c’est penser notre vie. Ce qui nous rend vivant…jusqu’au bout.
C’est penser que le jour de notre dernière heure, nous serons considéré comme une personne.