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BILLET D’HUMEUR – LA REVOLUTION COMMENCE EN SOI-MEME

On ne parle pas suffisamment de la grandeur de cœur de Janusz Korzac. Ce pédagogue et pédiatre polonais mourut pour ses convictions et ses valeurs…et pour l’amour des enfants dont il s’occupait.

En effet, il accompagna délibérément les enfants juifs du ghetto de Varsovie, en 1942, dans leur dernier voyage jusqu’aux chambres à gaz, au camp de Treblinka.

Si son message se situe particulièrement autour du respect et des droits de l’enfant, il reste néanmoins d’actualité à bien des égards.

Et si Stéphane Hessel nous encourage à nous indigner, il nous dit aussi qu’il arrive un temps où il faut s’engager.

Chaque jour  nous voyons ou nous entendons les médias pointer ce qui porte atteinte à la dignité et au respect des êtres vivants, ce qui porte préjudice aux droits humains, ce qui détériore notre environnement.

Il n’est pas inévitable de mourir pour une grand cause –la vie est trop précieuse- mais néanmoins beaucoup d’êtres périssent, encore aujourd’hui dans le monde, pour lutter contre l’oppression et l’injustice.

Pour moi, la grandeur d’âme ne se mesure pas uniquement à l’aune des grandes actions, mêmes si celles-ci font aussi partie de l’histoire.

Chacun de nous peut être « un héros ordinaire ». Chaque goutte d’eau compte pour former un océan.

Nous avons tous notre rôle à jouer pour contribuer à notre bien-être, à tous, sur cette Terre.

Mais voilà, il arrive que nous ne sachions pas comment et par où commencer.

Nous pouvons nous montrer indignés, mais ne pas poser des actes de changement et poursuivre notre route, en pestiférant-soit-, mais sans vraiment nous impliquer par faute d’énergie ou de temps.

Si nous ne sommes pas prêts à nous engager à un niveau collectif, cela ne fait pas de nous une personne indifférente ou soumise.

Ne pas faire (souvent parce que nous imaginons que l’action se doit d’être spectaculaire) ne veut pas dire ne rien faire du tout… à son échelle !

Et la toute première action à poser, lorsque rien d’autre n’est encore possible, est de s’engager vis-à-vis de soi-même.

Pour que le collectif se transforme, il s’agit de faire, individuellement, notre propre révolution intérieure.

Si nous nous engageons sur le chemin de l’introspection, de la remise en question, de la réflexion, nous pourrons mieux percevoir tout ce qui chez soi est susceptible de manquer de respect, d’attention, de bienveillance, d’amour à l’égard de l’autre. Et cet autre c’est déjà notre frère, notre femme, notre enfant, notre ami, notre voisin, notre chien…

Avoir conscience de qui l’on est est  primordial. Percevoir toutes les facettes de notre personnalité est important.

Je suis sûre que nous pouvons trouver en chacun de nous un petit dictateur, un petit mesquin, un petit persécuteur qui œuvre dans l’ombre.

Jean-Jacques Goldman chante très justement dans « Né en 17 à Leidenstadt » :

« (….) On saura jamais c’qu’on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L’âme d’un brave ou d’un complice ou d’un bourreau?
Ou le pire ou plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau
S’il fallait plus que des mots ? (….)

Il n’y a pas de Lumière sans Ombre. Mais l’inverse est vrai aussi.

Et si nous voulons aller vers plus de Lumière, il s’agit déjà d’éclairer aux bons endroits et prendre conscience de tous nos travers….pour mieux accueillir son être entier.

En physique, on dit que lorsque nous poussons sur quelque chose, ce quelque chose va pousser sur nous avec la même force, la même intensité, mais dans la direction opposée.

Imaginons un mur sur lequel nous nous appuyons. Si nous essayons d’exercer une poussée sur lui, ce mur va « répondre » en poussant avec la même force et intensité que nous, mais dans l’autre sens. Les forces d’action et de réaction sont d’intensité égale mais de sens opposé.
Si ce n’était pas le cas, nous passerions au travers du mur, tel le Passe-Muraille.

Il s’agit donc là de maintenir l’équilibre des forces.

Il en va de même avec toutes ces émotions et sentiments contre lesquels nous luttons. Plus nous les “re-poussont” pour qu’ils n’existent pas (pour ne pas les voir, ne pas les ressentir) plus ils s’intensifient. Et cela devient facilement le cercle infernal.

Il s’agit donc de rétablir la balance.

Autrement dit, si nous ne luttons plus, mais acceptons qui nous sommes, y compris dans nos parts obscures, ces dernières auront moins besoin d’aller crescendo pour se faire entendre.

Par exemple, si j’ai peur de ma colère et que je la réprime, cette colère risque de sortir un jour de manière violente et incontrôlée. Mais si je l’accueille, elle devient une alliée qui me permet de me respecter et de poser mes limites aux autres- de manière claire, ferme et respectueuse- lorsque cela est nécessaire.

A contrario de Stéphane Hessel, je vous engage à ne plus faire de la résistance -dans le domaine dont je parle, en tout cas- c’est-à-dire auprès de vous-même ; mais à accueillir votre être et donc par-là même à être davantage dans la considération, le respect et la bienveillance pour la personne que vous êtes.

Chaque pierre compte pour construire un édifice solide. Et je pense que si nous voulons contribuer au bonheur collectif, il s’agit de commencer par rentrer en amitié avec soi-même.

Si nous avons de l’amour et de la considération pour la personne que nous sommes, profondément,  il sera alors plus aisé d’en éprouver pour les autres et la planète.

Ne plus se faire la guerre à soi-même est le chemin privilégié de la pacification des relations avec les autres.

Accepter ses défauts, ses failles, ses faiblesses, tous ces petits travers que nous souhaitons masquer, est faire preuve de courage, mais avant tout d’amour vis-à-vis de soi.

Cela nous rendra plus fort et cette force sera au service d’une énergie constructrice de réalisation (elle ne sera plus investie dans une énergie de lutte).

Si nous acceptons notre Ombre, elle s’avérera être une alliée révélant la Lumière qui nous habite.

Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde ».

Autant dire que nous incarnons ce que nous vivons.

A l’échelle du monde, cela peut faire une puissance considérable au service de la vie.